Le manque de temps : un mythe associé au stress
Il existe une croyance populaire qui stipule que nous sommes stressés à cause de la pression du temps. Si nous suivons cette logique, il serait difficile d’expliquer qu’une rencontre chez un professionnel nous fasse vivre du stress malgré le fait que nous soyons en congé. Ainsi, cette situation est souvent vécue comme stressante pour plusieurs même si la pression du temps n’est pas présente. Sonia Lupien confirme que le stress n’est pas la résultante de la pression du temps, mais bien une résultante de facteurs qui seront expliqués dans le prochain paragraphe. Ainsi, lorsque nous approfondissons l’analyse de nos stresseurs, nous pouvons prendre conscience que ce n’est pas la pression du temps qui est à l’origine de notre stress, mais seulement l’impression de perdre le contrôle sur notre temps.
Mais alors, qu’est-ce que le stress ? [1]
Il existe quatre caractéristiques qui causent le stress, connues sous l’acronyme « CINÉ » :
C : Contrôle faible
C’est-à-dire, lorsque nous avons le sentiment que nous n’avons pas ou très peu de contrôle sur une situation. L’important c’est le sentiment vécu par la personne et non la réalité objective. Par exemple, une personne proche aidante pourrait avoir le contrôle sur la décision d’héberger son proche, mais pour différentes raisons (deuil, conflit de valeurs, etc.) elle pourrait avoir le sentiment de ne pas avoir le contrôle sur cette décision. C’est ce sentiment de non-contrôle qui génère une réponse au stress.
I : Imprévisibilité
Lorsque la situation est imprévue ou imprévisible. Par exemple, une personne proche aidante devait partir en voyage, mais le centre de répit qui avait prévu héberger son proche annule son séjour quelques jours avant la date de son départ.
N : Nouveauté
Lorsque la situation est nouvelle (faire face à une situation qu’une personne n’a jamais expérimentée). Par exemple, la personne aidée passe sa première journée dans un centre de jour.
É : Égo menacé
Lorsque l’égo (personnalité) est menacé par la situation ou que la personne a le sentiment que l’on doute de ses capacités. Par exemple, quelqu’un critique la façon d’une PPA de s’impliquer dans la relation avec son proche. Le sentiment de pincement au ventre qui peut être ressenti est une réponse au stress.
Ainsi, pour qu’une situation génère une réponse de stress, elle devrait comporter au moins une des caractéristiques nommées précédemment.
Le stress est une réponse biologique du corps très forte et difficile à ignorer. Le stress peut se manifester au niveau des pensées (mental) et aussi dans le corps. Cette puissante réaction ne date pas d’hier. La réponse de stress a permis à l’humain de survivre à l’époque des mammouths. Toutefois, la partie du cerveau qui génère cette réponse n’a pas évolué depuis la disparation des mammouths. Ainsi, la première fonction du cerveau humain est de détecter le danger pour que le corps, aiguillonné par une poussée d’adrénaline et de cortisol, puisse réagir efficacement et permettre la survie de l’espèce. Le problème, c’est que le cerveau humain ne distingue pas le danger suprême qui guettait l’homme préhistorique confronté à un mammouth par rapport à la menace que représente pour une personne l’évaluation de son proche par un médecin spécialiste peu collaboratif. Alors, mammouth ou médecin spécialiste antipathique, pour le cerveau, c’est la même chose, il s’assure que le corps réagit à la menace.
[1] La rédaction de cet article a été inspirée principalement du livre Par amour du stress, de Sonia Lupien, chercheuse renommée pour ses études sur le stress. Cela étant dit, le thème y est traité d’une façon brève. Si vous désirez approfondir votre compréhension du stress, nous vous invitons à vous référer à ce livre qui est une référence importante concernant le stress.
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